Collection "Sel de Varangéville" (clic)

DÉCOUVRIR LA MINE DE SEL et son musée A VARANGÉVILLE : LORRAINE- RÉGION GRAND-EST.

 Visite guidée à pied d'environ 3 heures dans la dernière mine de France en activité à 160 mètres sous terre (possibilité de restauration dans "la galerie du mineur" )                                                   "clic" sur l'image pour plus d'informations pratiques.


Histoire des Salines de DIEUZE

Borne viæ salariæ
(clic)
Les salines de Dieuze semblent être les plus anciennes de Lorraine, en 803 elles appartiennent à l’Abbaye St Maximin de Trèves. L’exploitation des résurgences salées par réduction de l’eau salée à l’époque romaine s’établit à Decempagi d’après la table Théodosienne des viæs salariæs d’Antonin. 
Elle commence dès l’époque gallo-romaine à Duosa villa (double ville) et devient chef-lieu du Pagus-Salinensis ou Pays Saulnois.

 Au XIème siècle, la Lorraine fait partie du Saint Empire Romain Germanique, son Empereur Henri II fait don à l’église de Verdun  de la " Duosa villa et pure sapidus puteos" (la villa de Dieuze et le puits salé) la formation du sel en patella commence dès 1025 et va connaître une expansion considérable grâce à une viæ salariæ longeant la Haute Seille et desservant Reims à Strasbourg. 
La formation du sel au Moyen-Âge

Formation sur Patella  en 1600
par G AGRICOLA
A partir du XIVème siècle l’Église va gager les salines au profit du Duché de Lorraine qui instaurera un impôt sur cette grande
industrie
 c’est la naissance de la Ferme de Lorraine.En 1766, à la mort du dernier Duc de Lorraine Stanislas Leszynski, la Lorraine  sera rattachée à la France.

Le village de Dieuze forme avec la saline deux entités parfaitement distinctes et totalement séparées, respectivement fortifiées par des enceintes autonomes.

Au Moyen-Âge, la place où l’on fait cuire la muire est composée d’une d'enceinte carrée ponctuée de 4 tours, et accessible par 2 portes surveillées pour éviter la fraude. 

Véritable place forte, elle renferme autour de son puits principal salé les poêles, les baissoirs, les salorges, un four banal, un pressoir, la tonnellerie, les écuries, et les bâtiments d’habitation (receveurs, portiers, contrôleurs des cuites et des bancs, trilleurs des sels) ainsi qu’une chapelle.

Les 2 places fortifiées et détail de l'élévation de l'eau salée par A CLOSPTAIN 

Le chauffage des poêles est assuré par le "bois de sel" provenant des forêts enserrant l'étang de Lindre et l'agglomération de Dieuze.

Puits à  furca
Le système du puits à balancier, qui remonte aux civilisations égyptiennes était toujours employé  dans les salines lorraines au XIIe siècle pour récupérer l’eau salée. Une grosse poutre verticale en bois comportant une entaille qui permettait le passage d'une transversale, était enfoncée dans le sol au-dessus du puits. Le bras le plus court était muni d'un contrepoids en pierre tandis qu'au bras le plus long un seau fixé à une chaîne récupérait l’eau salée, l’emploi du système était soumis à un droit appelé « droit de  jus ciconiæ ou droit de furca » Le système à balancier a été abandonné en Lorraine au XVe siècle.

Au XVIIème siècle, l’eau forte est relevée comme à Rosières, à partir d'une chaîne sans fin nommée "patenôtre" posée sur le puits salé, elle est équipée d’un chapelet d’étoupes de cuir circulant à l’intérieur de troncs de bois creusés. Cette machinerie actionnée par 8 chevaux  sera remplacée par une roue hydraulique entraînée par le courant du Spin en 1744.

Élévation de la muire par manège à chapelets et Baissoir à Rosières-aux-Salines 
L’eau salée extraite était dirigée vers 4 baissoirs en chêne  pour la concentrer à 16° Baumé puis acheminée dans de grandes  poêles en fer riveté chauffées au bois pour la cuite du sel. Dieuze possédait  13 poêles menu sel et 43 sel grené, elles avaient chacune un prénom et 180 Saulniers ( Maître, Socqueur, Salineur, tireur, Valet, Rouleur) étaient nécessaires durant 24 heures à la formation des cristaux de sel. La poêle servait aussi d'unité d’importance pour une saline, Dieuze était de loin la plus imposante du Royaume, on y fabriquait en 1744 : 350 000 quintaux. 

Le bâtiment de graduation pour renforcer la concentration saline de la muire est construit en 1739 implanté en bordure du Spin au Sud-Est, son efficacité non démontrée, il sera démoli en 1758.

Le sel voyageait par sauf-conduits  en tonneaux plombés après établissement de nombreuses formalités et taxes complexes appelées « délivrance » à régler au profit du Souverain, des Fermiers Généraux, et de l’entretien des salines. Jusqu’à 400 chariots attelés quittaient journellement les salines sous escorte de gabelous pour le stockage du sel dans les greniers royaux. Le sel était remis en sacs de 176 livres pour la vente intérieure et pour l’exportation.

Par extension, certains entrepôts chargés de faire appliquer ces formalités de délivrance et de gabelle adoptèrent le même nom, on pouvait aussi y rendre justice pour la fraude et la contrebande du sel, la répression était terrible, jusqu’à la peine de mort pour les faux-sauniers armés. 

 Gabelle et délivrance impôts (pulaires) en 1780

En 1789, les salines deviennent bien de la Nation avec la suppression des Fermiers Généraux, les exploitations sont confiées à des  groupes de financiers. Après la fermeture des salines de Château-Salins et Moyenvic,  c’est à Dieuze que se concentre la production de sel grâce à la houille qui remplace le bois de chauffe. Agrandies de 1793 à 1806,  les salines accueilleront une fabrique de produits chimiques utilisant le sel comme matière première.

Époque moderne

Au début du XIXe siècle, l’origine des eaux salées en Lorraine n’est pas encore déterminée, mais après la découverte de l’énorme gisement de Wieliczka en Pologne, on soupçonnait d’autres  masses de sel solide aussi vastes dans la terre. 

En 1819, on fore un sondage près de Vic en Lorraine pour rechercher un gisement de houille et l’on va découvrir le sel gemme  à 65 m de profondeur, ce gisement inondé en 1825 sera abandonné. 

C’est à Dieuze en 1826 que l’on va foncer 2 puits à moins 139 m pour l’extraction du sel au pic et à la poudre noire dans des galeries rectangulaires ouvertes de 5 m de largeur sur 3 m de hauteur.

Cette saline emploiera plus de 700 saulniers
Un éboulement provoqué  par une nappe d’eau souterraine abondante inondant le puits St Etienne, la mine subira le même sort qu’à Vic entraînant sa fermeture en 1864 avec seulement 450 000 tonnes extraites. 

Le Saulnois cédé à l’Allemagne après le traité de Francfort, c’est vers les vallées de Meurthe et Sânon que l’on va perfectionner l’extraction minière du sel par la technique des chambres et piliers abandonnés

Le chemin de fer s’implante à Dieuze aux alentours de 1860 sous la dénomination de “ chemins de fer des salines ”. Le remplacement de l’énergie hydraulique par la vapeur métamorphose le site qui va s’adapter à de nouvelles machines. En 1862, la Saline devient la propriété des anciennes Salines domaniales de l’Est.

Époque contemporaine

Dès 1885, on utilise la technique des sondages pour l’élévation de la saumure, après forage, on injecte de l'eau dans le gisement salifère, la saumure obtenue est évaporée jusqu'en 1936, dans des poêles rondes brassées à la vapeur pour le sel fin, ce procédé sera abandonné pour une technique plus moderne utilisant des évaporateurs clos. Le salinage du sel grené s’effectuera au râble jusqu’en 1966 dans des poêles rectangulaires ouvertes.

En 1900 le complexe chimique conserve l'appellation de saline
La concurrence entre les salines est forte et les conditions économiques, défavorables, la capacité de production est bien supérieure aux ventes. 

La saline de Dieuze oriente sa production vers la création de produits chimiques dérivés du sel, on y fabrique successivement du bicarbonate de soude, du phosphate de soude,  de la soude cristallisée, de l'acide sulfurique, de l'acide chlorhydrique, puis de l'acide nitrique.

En 1921, Les établissements Kuhlmann rachètent le site qui comprend alors la saline, la production de sel de table devient tout à fait secondaire, sa production s'oriente vers la fabrication d'engrais avec arrêt de la production de sel en 1973.

Entrée des salines et entrepôt délivrance au siècle dernier.
En 1997, la partie la plus ancienne du site salinier est cédée à la commune de Dieuze. L’entrée principale des Salines de style Louis XV qui accédait à l’ensemble de la saline est classée en 2013 à l’inventaire des monuments historiques. 

A partir de 2011 la Délivrance, l'ancien bâtiment de stockage des sels ou l’on délivrait les sauf-conduits pour son transport sera restauré grâce à l'impulsion de la municipalité et son premier adjoint Bernard François, ainsi que Jacques Fabbri, l’architecte ayant étudié la nouvelle conception du bâtiment.

Séparé en 3 parties, le bâtiment est transformé en centre socio-culturel pour accueillir une salle des fêtes, une salle de spectacles et un espace dédié au patrimoine salin, son inauguration a eu lieu en 2014. 
Une deuxième phase de travaux permettra notamment la rénovation du puits salé et la reconstitution d’une poêle à sel.

Sources db : Le sel en Lorraine par E Gréau.
Archéologie du sel : INRAP
Dieuze/db/2016